Haïti-Observateur 13-20 mai 2015
Par Rosie Bourget
Quelle initiative solidaire pour soutenir la culture haïtienne au-delà des frontières, qui est en train de passer par-devant nous comme une lettre à la poste ! En vue de stimuler l’appétit du grand public et de l’inciter à apprécier l’art haïtien à sa juste valeur, l’association Blayi Kiltirèl Night et Kasa Chanpèt Restaurant and Lounge ont conçu un partenariat pour œuvrer ensemble et encadrer les artistes haïtiens, particulièrement ceux qui viennent tout juste de se lancer dans le domaine. Aussi, pour promouvoir le patrimoine artistique d’Haïti en terre étrangère. Voilà un travail qui devrait être effectué par les Ministères de la Culture et des Haïtiens Vivant à l’Étranger (MHAVE) ! Nul besoin d’être sénateur de la république, encore moins voter une loi pour faire cette proposition ; difficile pourtant de mettre en application considérant la tendance de nos dirigeants, qui ne s’intéressent qu’à leur poche, qui n’accordent aucune importance aux choses sérieuses qui pourraient redorer le blason d’Haïti qui, fût un temps, la « Perle des Antilles ».
Beaucoup de gens pensent que l’haïtien n’a rien de concret à offrir à l’humanité. Pourtant, en plus de leur talent habituel, de nombreux filles et fils d’Haiti possèdent un talent caché. Dans le but d’espérer découvrir des perles rares qui pourront, qui sait peut-être intégrer le marché artistique à l’échelle international et à long terme, Blayi Kiltirèl Night à mis à l’épreuve l’étoffe de nos jeunes artistes.
Le dimanche 15 mars 2015 s’est tenu à Kasa Chanpet le lancement officiel de Blayi Kiltirèl Night. Près d’une douzaine d’artistes et de personnalités importantes ont été présents, dont : Jean Mapou, Dr. Ernst Mirville, Karl Fontaine, Kiki Wainwright, les élèves de Miramar High School, Jean-Michel St. Victor du groupe Skasha, Chelsey Anselme, Joe Charles, Gerald Sidney et tant d’autres ont pris part à ce grand événement.
Cette cérémonie a été également l’occasion pour les dirigeants de cette association de mettre en valeur la culture haïtienne dans son ensemble. L’un des fondateurs de Blayi Kiltirèl Night, Yvon Édouard, professeur de français au niveau secondaire à Broward County Public Schools, se donne pour mission, sans porter préjudice, d’intégrer dans la culture haïtienne les étudiants haïtiens vivant en Floride. Une tâche qui s’avère difficile, considérant les modèles imposés à la nouvelle génération, donc un nouveau paradigme de l’éducation est nécessaire. Sur le podium de Kasa Chanpèt, ils étaient nombreux ces jeunes étudiants de Miramar High School, à avoir fait le déplacement pour la grande première de Blayi Kiltirèl Night. Des cadets aux séniors en passant par les juniors, toutes les catégories étaient biens présentes et qui ont applaudies très chaleureusement par le public.
Par le biais de leur enseignant, Yvon Édouard, ces jeunes étudiants ont l’opportunité de rassembler les éléments de leur parcours d’éducation culturelle qu’ils souhaiteraient mettre en évidence. Ils ont également la possibilité d’y intégrer ce qui est réalisé en dehors de l’école, augmentant ainsi leurs compétences extra scolaires. Cette cérémonie qui avait pour objectif principal d’introduire officiellement les artistes haïtiens de différentes catégories qui brillent dans l’ombre, a été également l’occasion pour Jean Mapou, de présenter une courte conférence sur la langue créole et son origine.
Selon des informations relayées par Yvon Édouard lors d’une entrevue accordée à la rubrique du Développement Personnel, Blayi Kiltirèl Night a pour objectif de permettre à un public divers de découvrir les œuvres des auteurs et artistes haïtiens à l’échelle internationale. Son ambition est d’attirer l’attention des haïtiens de toutes tendances sur la nécessité de revaloriser notre culture en voie de disparition. Blayi Kiltirèl Night a également pour mission de redresser l’image d’Haïti, de promouvoir l’art, et la littérature haïtienne à l’étranger; d’ouvrir la voie à d’autres initiatives de ce genre qui visent à sensibiliser sur la nécessité de hausser les activités culturelles haïtiennes.
La culture d’un peuple vivant à l’étranger l’aide à être mieux compris et accepté par d’autres communautés. Yvon Édouard croit que c’est le moment idéal de vendre à l’extérieur une nouvelle image des artistes haïtien et faire valoir leurs potentiels dans plusieurs domaines tels : la poésie, l’art dramatique, shows de troubadour, foire artisanale, exposition de livres/séances de signatures, de disques compacts, projection de films haïtiens, conférence-débat sur la langue créole.
Blayi Kiltirèl Night est appelée à jouer le rôle de médiateur dans un processus de hisser notre culture. Une association qui veut promouvoir la culture, doit nécessairement avoir un local approprié où doivent se dérouler les différentes activités entourant cette dite culture. De plus, « On ne peut attendre beaucoup du plus grand génie des fermiers, à qui on a fourni des semences, s’il n’a ni terre ni outil ». Pour l’heure, c’est Kasa Chanpèt, œuvrant pour cette même cause noble, et qui est le seul partenaire de Blayi Kiltirèl Night. Espérons qu’à l’avenir que ces activités seront sponsorisées par les Ministères de la Culture, du Touriste et des Haïtiens Vivant à l’Étranger. Nous encourageons les instances concernées à encadrer Blayi Kiltirèl Night en mettant à sa disposition des moyens pour l’avancement de la culture haïtienne, trop longtemps négligée. Permettre aux écrivains et artistes de se faire connaître à l’autre bout du monde, est une idée géniale au départ. Pour une association à but non lucratif, qui n’a aucune source de revenue, son initiative est non seulement à louer, mais aussi à applaudir des deux mains et à signaler.
Une deuxième présentation a eu lieu au même endroit le 26 avril. On comptait parmi les artistes-partenaires de l’évènement des grands noms comme Kiki Wainwright, Ernst Registre, et Maude Heurtelou (auteure). Étaient en scène, Didi Crèvecœur, Jean F. Collin, Jo Anselme, les « stars en herbe » Devonia Campbell, Autum Williams et Danny Chery de Miramar High School. Un groupe de danse Rasin Lakay comprenant des jeunes filles très talentueuses a aussi pris part.
Le conseil d’administration de Blayi Kiltirèl Night qui comprend Florence Clerval, Luce Lohier, Gerald Sidney, Camille St. Juste et Yvon Edouard, part à la pêche aux talents cachés dans un tiroir. Ainsi, le comité administratif s’organise comme il peut pour la promotion de notre patrimoine artistique. Sa vocation est de motiver les gens à parle des artistes haïtiens et de leurs œuvres à grande échelle. C’est là que son rôle de médiateur entre en jeu lorsqu’on réside à l’étranger.
Ce genre de liaison entre les artistes et la communauté haïtienne floridienne est enrichissant pour la survie d’une association culturelle autant que pour les artistes et écrivains haïtiens, car une séance de signatures de livres a été organisée par Blayi Kiltirèl Night en l’honneur de l’auteure, la poétesse, l’écrivaine Rosie Bourget. Puisque, pour elle, écrire est devenue une passion, pendant cette séance de dédicaces, l’auteure n’entretenait pas l’illusion qu’on ferait la queue devant sa table, ou pour la rencontrer, voire à vendre des tonnes de copies. Chose sûre, plusieurs copies de ses trois ouvrages ont été vendues, y compris Istwa Kreyòl à saveur humoristique.
Tout lecteur veut entendre les écrivains s’exprimer à propos de leurs œuvres. Si quelqu’un prend la peine de s’arrêter et de vous parler au cours d’une séance de signatures, cette personne doit être une passionnée de littérature. Et si elle achète votre œuvre, elle va probablement en parler à ses amis. Alors interprétez ce geste comme un signe d’appréciation. C’est bien d’être excité pour ce genre de chose, car signer des livres et rencontrer ses lecteurs, cela fait partie du plaisir du métier. Rien n’est plus important pour un auteur que de pouvoir échanger autour de son œuvre. Quel que soit l’endroit, dans les librairies, les restaurants ou les salons de livres, lors des séances de dédicaces, l’auteur garde toujours le souvenir de belles rencontres.
Quel avenir pour une association culturelle à but non lucratif ?
Beaucoup d’associations à caractère culturel ont échoué dès le départ dans leur tentative de lancement des activités culturelles. Aussi, bon nombre d’artistes ont abandonné dans leur tentative de faire un nom, mais d’autres n’ont jamais lâché prise. Afin d’atteindre son objectif, il y a des contraintes techniques à prendre en compte. On va devoir mettre à la disposition de Blayi Kiltirel Night, tous les outils nécessaires et de différentes logistiques indispensables. Ainsi, l’association souhaite compter parmi ses sponsors, les Ministères haïtiens de la Culture, du Tourisme et des Haïtiens Vivant à l’Étranger (MHAVE) pour faire la liaison, car bien que nées et élevées aux États Unis, des icônes comme Devonia Campbelle, Danny Chery, méritent d’être reconnues et invitées formellement par le Ministère de la Culture (tous frais compris) pour une performance en Haïti, la terre natale de leurs parents. Aucun prétexte ne sera accepté parce que c’est le rôle du ministre des Haïtiens Vivant à l’Étranger (MHAVE). Sinon, il revient à l’auteure de cet article de lui poser la question : En quoi consiste son travail ? Collectionner des chèques ? Faire un nom dans le but d’embellir son CV ? « Le MHAVE est un organe d’information, de liaison, d’orientation, de facilitation, d’intégration et de coordination des actions de la Diaspora et d’Haïti. » lu pour vous sur la page Facebook de ce dit ministère. Une déclaration qui reste à prouver. Il ne suffit pas d’écrire de beaux discours comme tranquillisants pour endormir les esprits, il faut les appliquer pour le bien-être de la diaspora haïtienne.
Et l’invitation est lancée
Vous menez une vie sédentaire ? Outre votre demeure, il ne vous reste plus d’autres lieux de divertissement ? Blayi Kiltirèl Night vous donne rendez-vous chaque troisième dimanche du mois pour un évènement de taille, et ceci sans frais. Venez apprécier les saveurs d’Haïti, rencontrer de nouveaux artistes. Venez chasser vos ennuis, découvrir de nouveaux talents et leurs potentiels artistiques, retrouver la chaleur et la convivialité que procure cet événement culturel mensuel au cœur de votre communauté.
En marquant votre chaude présence aux évènements de Blayi Kiltirèl Night à chaque fois que l’occasion se présente, vous participez activement au soutien de la culture haïtienne et à la promotion des nouveaux artistes qui veulent se faire connaitre. À ne pas oublier que Blayi Kiltirèl Night est une association à but non lucratif, dont l’objectif principal est de promouvoir la culture haïtienne dans toute sa diversité. Tous les membres du conseil d’administration sont des bénévoles, y compris les artistes qui ont donné leur précieux temps sans rien attendre en retour. Si vous êtes artistes, si vous êtes intéressés à prendre part à ce genre d’évènements culturels, n’hésitez pas à contacter l’association : blayikiltirel@gmail.com. Fière chandelle et succès continue à Blayi Kiltirèl Night.
r_bourget@yahoo.com
MTS (Maitrise en Travail Social)