Le mois de mai : Le mois du Patrimoine Culturel Haïtien


Haiti-Observateur 24-31 mai 2017

Par Rosie Bourget

Durant l’automne, s’il y a des mois qui sont plus chargés que d’autres, le mois de mai est en tête de liste. A l’affiche on trouve : fête internationale du travail  (sauf aux États-Unis où cette fête a lieu en septembre), fête des mères à l’haïtienne et à l’américaine, jour de l’Ascension, saison de remise des diplômes, le mois du patrimoine culturel haïtien, le mois de Marie, le mois des esprits malins, pour ne citer qu’eux. En dépit de tous ces événements qui se déroulent à la même époque, ce billet de circonstance se concentre uniquement sur l’importance du patrimoine culturel haïtien.

C’est quoi la culture.

Cicéron est le premier à appliquer le mot « culture » aux choses de l’esprit ou à l’âme (animus) : « Un champ si fertile soit-il,  ne peut être productif sans culture, et c’est la même chose pour l’âme sans enseignement » (Tusculanes, II, 13). Cette « culture de l’âme » est synonyme de ce que Cicéron appelle par ailleurs les « humanitas », cela même que les grecs appelaient paiedeia, terme qui désigne « le traitement à appliquer aux enfants pour qu’ils deviennent des hommes ».

Par définition

La culture, c’est ce qui s’ajoute à la nature. Elle recouvre tout ce par quoi l’existence humaine apparaît comme s’élevant au-dessus de la pure animalité, et plus généralement tout ce qui élève l’homme au-dessus de la simple nature. La culture qui caractérise l’humanité peut être considérée soit comme un état des facultés, soit comme un système de fonctions ou de pratiques, soit comme processus qui peut être étudié ou bien à l’échelle de l’individu ou bien à celle de l’humanité. Généralement on oppose la nature et la culture pour distinguer ce qui est inné de ce qui est acquis. Tandis que la nature d’un être se transmet par hérédité, la culture se transmet par héritage. La culture désigne les attitudes, les croyances, les mœurs, les valeurs acquises et transmises par l’éducation.

Chaque personne apporte sa pierre à l’édifice pour mieux cerner cette notion interdisciplinaire. Nous nous interrogeons ainsi sur la place à accorder à la culture haïtienne à l’étranger et dans le milieu scolaire. Certains haïtiens vivant à l’autre bout du monde, font quant à eux de la culture un ingrédient dans la recette de la créativité, avec le travail et la méthode. Dans un tout autre domaine, on se rend compte dans les communautés haïtienne et hispanique de « Little Haïti et Little Havana » de Miami, la culture devient une nécessité à leur survie. Mettant entre parenthèses leur souffrance, elle leur permet de recréer une communauté humaine par le partage et de restaurer un sentiment d’appartenance.

La culture ne se limite pas à une compilation de connaissances figées d’une culture souvent élitiste. Au contraire, la culture est généreuse et bienveillante, elle accueille aussi bien ce qui est nouveau et nous touche au quotidien. C’est une dynamique des savoirs qui permet de dégager un sens existant ou possible dans chaque connaissance. Plutôt qu’une lecture anxieuse de manuels, la culture est le programme de toute une vie.

Qu’en est-il de la culture haïtienne ?

La culture haïtienne n’est pas un fait divers. Elle est tellement ancrée dans l’âme des Haïtiens qu’on dit que l’on peut sortir un haïtien d’Haïti, mais on ne peut sortir Haïti d’un haïtien.  Si certains nous considèrent d’un côté comme des « barbares ou des sauvages » et de l’autre « des illettrés », une chose est sûre, nous ne sommes pas dépourvus de culture. La culture haïtienne s’incarne dans des institutions et des œuvres, des paroles et des actes,  ce qui est le reflet de la beauté intérieure de notre société.

L’appréciation de la culture haïtienne à l’étranger

Chaque année, la Fête du Drapeau fait vibrer dans le cœur des haïtiens de la diaspora une fierté sans pareille. Fierté d’être le premier peuple noir non pas à avoir réclamé son indépendance, mais à l’avoir acquise de façon stratégique.

La culture haïtienne connaît une évolution particulière sur le territoire américain. Dans diverses écoles publiques situées dans les quartiers où la majorité de la population est formée d’élèves venant des parents immigrés haïtiens, le bicolore haïtien est célébré à grande échelle.  Le Mois de la Culture Haïtienne (Haitian Cultural Héritage) constitue un thème à part entière. Depuis notre sculpture et notre peinture en passant par notre artisanat, nos danses, notre musique qui nous propulsent de plus en plus au-devant de la scène internationale. Plusieurs activités culturelles ont eu lieu en Floride ces deux derniers weekends.

À l’école primaire de North Side (North Side Elementary School) situé à Fort Lauderdale, FL, les membres de cette communauté étaient invités le mercredi 17 mai à venir en famille, avec leurs amis et leurs voisins limitrophes, pour profiter d’une journée remplie de plaisir et d’activités éducatives et culturelles avec notamment de la poésie, divers performances musicales et de danse. L’objectif de la célébration de la Fête du Drapeau Haïtien dans des écoles publiques est de relever la fierté et le patriotisme haïtien en mettant en valeur la richesse de la culture haïtienne au sein de notre communauté du sud de la Floride durant la célébration du 214ème anniversaire du bicolore de la première République Noire du monde.

North Side Flag Day

Sur la pelouse de l’ecole North Side

La fête du bicolore a revêtu différents aspects : soirées dansantes, veillées patriotiques, recueillement religieux, foire artisanale et artistique. De son côté, la communauté de Miami Dade a répondu également en grande pompe. Le commissaire Jean Monestime (district 2) et le comté de Miami Dade ont organisés le samedi 13 mai la 5eme édition de « Taste of Haïti Food & Cultural Festival) à Miami Dade College North Campus (lot-2), mettant en vedette de nouveaux poètes et diseurs. Il était à peu près 3 heures dans l’après-midi quand la cérémonie avait commencé en présence de plusieurs notables de la communauté haïtienne et de certains fonctionnaires de la ville de Miami Dade.

Des centaines de spectateurs haïtiens comme étrangers ont pris part à cette manifestation culturelle pendant plus de 7 heures de temps. En ce qui a trait à notre cuisine exceptionnelle, il y en avait pour tous les goûts. Nombreux étaient des restaurants ambulants qui servaient « griyot, banann peze, diri blan ak lalo ak krab, taso kabrit ak kodenn, kremas, mayi boukannen etc. » aux gens qui y étaient présents. Cette festivité à caractère purement culturelle était aussi l’occasion pour les participants d’apprécier l’artisanat haïtien à travers d’autres expositions ayant eu lieu tout l’après-midi.

Taste-of-Haiti

Taste of Haiti 2017

Le commissaire Monestime et le Comté de Miami Dade ont offert une festivité culturelle bien élaborée qui a permis de faire ressortir  la fierté Haïtienne au sein de notre communauté de Dade et de Broward, mettant ainsi en relief notre langue, notre culture et notre histoire. Félicitations aux organisateurs du Comté de Miami Dade qui ont consenti à injecter beaucoup d’énergie pour offrir au public cette magnifique manifestation culturelle placée sous le signe de la gaieté et la bonne humeur sur le pavé couvert d’une verdure abondante, de Miami Dade College à l’occasion de la Fête du Drapeau.

Parallèlement, jeudi 18 mai, l’hôtel de ville de Miramar, un environnement naturel de toute beauté, a présenté au Centre Culturel de Miramar (Miramar Cultural Center), un concert gratuit aux habitants de la ville, intitulé « Haitian Flag Day Celebration », au cours duquel un public nombreux a pu ainsi entendre et applaudir la charmante voix de la grande dame de la chanson haïtienne, Emeline Michel. Dans l’assistance, la présence des grands notables de la Mairie ne manquait pas de se faire remarquer. Parmi lesquels se trouvaient : le Magistrat Wayne M. Messam et la Conseillère Municipale Darline B. Biggs qui ont délivré le message de bienvenue aux participants, le Conseiller Municipal Maxwell B. Chambers et la Mairesse du Comté de Broward Barbara Sharief.

Emeline Michel 18 mai au Centre Culturel de Miramar

Emeline Michel 18 mai 2017

Sur un large podium, la diva haïtienne a interprété plusieurs chansons de son répertoire. Pendant une heure et demi de prestation, Emeline a fait une démonstration de sa parfaite maitrise de la scène pour charmer le public, comme elle en a l’habitude. Avec sa chanson « Lanmou se Flanm Ki Klere Devanm », Emeline a mis de la flamme dans les jambes de toutes les femmes. Notons aussi que la 18e édition de Compasfest prévue pour le weekend écoulé pendant 2 jours consécutifs (20-21 mai) à Bayfront Park, Downtown Miami, a aussi marqué comme à l’ordinaire la journée du bicolore haïtien.

Alors que la cérémonie officielle, tenue à l’Arcahaie, des défilées de Corps d’Honneur », dans la diaspora haïtienne, la commémoration du bicolore haïtien revêt un autre charme. En cette occasion, on fait un peu de tout ou de tout un peu, à la manière des haïtiens. Des festivités s’organisent partout dans les villes. Si la date tombe en weekend, on a l’embarras du choix pour décider d’où continuer la fête. Les groupes musicaux donnent des prestations à chaque coin de rue où résident nos compatriotes haïtiens.

Nous pouvons conclure le marché, en notant qu’on caractérise « une culture » par tout un ensemble d’habitudes et de représentations mentales, constituant les unes par rapport aux autres, un système original et se communiquant de manière invariable à tous les membres d’une certaine population. La culture d’une société donnée inclura la totalité des coutumes, des lois, des croyances, des formes d’art, de langage et de pensée d’une collectivité.

La fin de l’année scolaire : C’est la saison de remise des diplômes


PHOTO de Lynne Nadia Aime

Lynne Nadia Aime

Extrait de Haiti-Observateur 17-24 mai 2017

Par Rosie Bourget

Lorsqu’il s’agit de mettre nos compatriotes en évidence, Haïti-Observateur ne porte pas préjudice. Où que vous soyez, peu importe votre statut social, pourvu que nous soyons au courant de vos accomplissements personnels, vous serez à coup sûr honorer. Trêve d’égoïsme, au lieu d’aller magasiner ailleurs, nous partons du principe d’apprécier, de promouvoir et de préserver ce qui nous appartient. Il est peut être question de sentiment d’appartenance.

Dans divers pays, la saison d’automne est non seulement consacrée à la fêtes des mères et la première communion, elle est définitivement reconnue comme la saison de remise des diplômes (graduation dans le système scolaire/universitaire Anglo-Saxon). C’est l’occasion pour certains de raconter leur parcours jusqu’à cette récompense. Avec les cérémonies de graduation qui se multiplient, de nombreux membres de la famille et amis reçoivent des invitations çà et là pour partager ce moment solennel, saluer les efforts et la concrétisation des étudiants sortants, et célébrer cette cérémonie honorifique avec les diplômés. C’est d’ailleurs le moment d’encourager les jeunes qui terminent leurs études classiques de ne pas lâcher prise, de poursuivre leurs études universitaires.

C’est dans des lieux hautement prestigieux comme les grands amphithéâtres que se déroulent la remise de cette attestation. Comme la cérémonie requiert un certain décorum et revêt un caractère protocolaire, les diplômés doivent porter sous la toge une tenue vestimentaire soignée et appropriée à l’événement. Ils sont tous vêtus de robe universitaire ou toge, d’écharpe, de mortier (sorte de bonnet) et de cordon d’honneur pour ceux qui ont réussis avec une moyenne de 3.5 ou plus, au rang de (Cum laudae, Magna cum laude, Summa cum laude).

En tant que diplômée, du fond du cœur nous félicitons tous les diplômés de l’année scolaire 2016-2017 pour leurs efforts, également pour la patience dont ils ont fait preuve. Vous avez rendu un rêve d’enfant réalité, car certaines personnes qui n’ont pas eu la chance de terminer leurs études, ne voient cela que dans les films.

Un grand coup de chapeau à une diplômée haïtienne

Chaque année, à pareille époque, notre plume est mise à la disposition des gens qui laissent, de manière positive, une trace de leur passage sur cette planète. Notre rubrique ne se limite pas sur de billets relatifs au développement personnel. Nous avons pour mission d’identifier et d’exposer au grand jour les talents haïtiens qui fonctionnent dans l’ombre, et aussi de louer les efforts de ceux qui le méritent. Ceci étant dit, nous avons le plaisir de mettre à l’honneur Lynne Nadia Aimé, une haïtienne à part entière qui vient de décrocher en grande pompe une maitrise en Travail Social (MTS/MSW) promotion 2017.

Lynne Nadia Aimé est née en HAITI où elle a reçu son diplôme d’éducatrice préscolaire et poursuivi des études universitaires en psychologie à l’Université d’Etat d’Haïti, faculté d’Ethnologie, section psychologie.  Intéressée à l’avancement de l’éducation préscolaire publique, Lynne Nadia Aimé joignit le ministère de l’Education Nationale où elle a occupé tour à tour les postes d’inspectrice, chef de service et directrice. À ce titre, Lynne Nadia Aimé à contribue à la création de dizaines de centres préscolaires publics attachés ou situés près des écoles primaires publiques à travers les départements géographiques du pays.

Au cours de son passage à l’Education Nationale, Lynne Nadia Aimé a également contribué à la mise en place du programme d’éducation parentale KONESANS FANMI SE LESPWA TIMOUN en formant la première équipe de formateurs de formateurs et supervisant l’implantation du programme à travers le pays. Grâce à la formation sur la santé et le développement de l’enfant, des centaines d’enfants ont pu vivre pour fêter leur premier anniversaire de naissance et avoir une chance à la vie.

Ayant émigré aux États- Unis, Lynne Nadia Aimé continua à travailler dans le domaine de l’éducation préscolaire d’abord à New York puis à Kansas City Missouri où elle s’était transférée afin de poursuivre une étude spécialisée dans la pédagogie Montessori. En dépit de son amour pour l’éducation préscolaire, Lynne Nadia Aimé décida de fermer cette page de sa vie professionnelle après s’être portée volontaire pour servir de traductrice a ses frères et sœurs réfugiés venant d’Haïti ou de l’ Afrique de l’Ouest. Voyant l’énormité de la tâche socio- communautaire à accomplir, Lynne Nadia Aimé entreprit deux ans de cela des études de maîtrise en intervention thérapeutique et sociale.

Lynne Nadia Aimé a officiellement déposé son tablier d’éducatrice et a revêtu la toge d’intervenante thérapeutique et sociale qui sera sa deuxième carrière tant que le Seigneur lui prêtera vie. À cet effet, Lynne Nadia Aime utilise déjà son savoir fraîchement acquis avec l’organisation Journey To New Life de Kansas City Missouri où elle joue le rôle d’intervenants thérapeutique et sociale pour des femmes abusées physiquement et/ou sexuellement. Lynne Nadia Aimé est heureuse de pouvoir accompagner ces courageuses femmes dans leur marche vers la réintégration dans la vie civique après qu’elles aient payé leur dette à la société.

Lynne Nadia, permets que nous te présentons nos plus sincères félicitations pour ces belles années d’études. Avec un diplôme d’études supérieures, tu viens de marquer un pas en plus dans le monde professionnel. N’étant pas née et élevée aux États Unis, travaillant à temps plein, obtenir une maîtrise dans une langue qui n’est pas la nôtre n’est pas chose facile, surtout lorsqu’on n’est pas trop jeune. Faisant l’expérience, l’auteure de cet article parle en connaissance de cause.

Moment solennel et important, la cérémonie de remise des diplômes de Lynne Nadia signifie reconnaissance et concrétisation du travail fourni tout au long du cursus universitaire. Ces instants privilégiés de partage entre diplômés, professeurs, mais aussi famille et proches se sont conclus par de nombreuses séances photos. Malheureusement, sa sœur cadette Sandra qui a payé (trop tôt) tribu à la nature en mars 2017 n’était pas présente pour y prendre part et apporter son soutien à Lynne Nadia Aimé.

Maintenant que les carottes sont cuites, les épreuves ont pris fin, c’est le moment de te recréer et de faire le plein d’énergie. Tu te souviens de ce feuilleton télévisé « La Croisière s’Amuse » ? Alors ne reste pas clouée chez toi, offre-toi une croisière dans les Bahamas car une fois n’est pas coutume. Après le décès de ta sœur, le moral n’est pas au beau fixe mais est-ce que ça dérange si tu pars en vacances dans ton endroit favori pour quelques jours juste pour te défouler? Au contraire, un petit moment de loisir de temps en temps t’aidera à te remettre très vite sur le piton. Encore une fois, toutes nos félicitations à toi Lynne Nadia Aimé.

r_bourget@yahoo.com

 

 

MADAN PAPA : UNE PLAIE À TOUCHER DU DOIGT


Extrait de Haiti-Observateur 10-17 mai 2017

Par Rosie Bourget

Au risque de nous faire détester par des papa-prédateurs sexuels ou habitués des bordels. Considérant que certains parents ont démissionné de leurs missions, livrant leurs jeunes filles à ce mouvement de « madan papa » pour répondre à des soucis de la vie. En tant que mère de famille et citoyenne consciente, nous jugeons nécessaire de mettre notre plume dans l’encrier de ce phénomène qui prend le dessus à Port-au-Prince et dans plusieurs régions du pays.

Madan papa ou vendeuse de sexe ! Qui sont-elles ?

Souvent mineures, des milliers d’haïtiens, y compris des touristes sexuels et des hommes d’affaires étrangers fréquentent tous les jours des prostituées en Haïti. Couramment, les « madan papa » sont pour la plupart des jeunes de 12 à 27 ans. Elles sont toutes dans ce commerce pour des raisons différentes. Si certaines sont des pros dans le domaine, d’autres, par contre, sont à leurs premiers coups d’essai, comme le cas de ces orphelines qui ont perdu leurs parents suite à la catastrophe naturelle qui a ravagé le pays le 12 janvier 2010, laissant plus d’un million de sans-abris/sans-revenus. Pour survivre, bon nombre de jeunes filles, livrées à elles-mêmes, sont forcées de se prostituer, d’entrer en relation intime avec des vieux mariés qui pourraient être leur père.

Bien que tolérée, la prostitution ne date pas d’hier. En tant que phénomène social elle serait plutôt vieille comme le monde en soi. En outre, la prostitution est considérée comme une activité contraire aux bonnes mœurs et illicite. Il y a des fillettes qui se prostituent dès l’âge de 10 ans. Ouvertement ou clandestinement, nombreuses sont les adolescentes à travers le monde qui se livrent à ce métier vilain, qui malheureusement a déjà ôté la vie à plusieurs putains.

Dans un pays où les femmes n’ont presqu’aucun droit et passent leur vie sous tutelle masculine, le commerce de la chair est fortement toléré par la société haïtienne. Découlant d’un taux élevé de leurs méfaits dans les villes, cette situation augure un cercle vicieux, dans lequel les mineures, forcées de se prostituer aujourd’hui, donneront naissance aux potentiels bandits de demain. Des enfants qui à coup sûr viendront progressivement grossir les rangs des criminels.

La Minustah et les mineurs ! Quel rapport ?

En Haïti, les casques bleus n’ont pas besoin de fréquenter des bordels offrant les services de travailleuses du sexe. Un nombre important de mineurs sont à leur disposition pour offrir leurs services aux étrangers dépêchés sur place pour assurer la reconstruction du pays.

La prostitution du côté des jeunes filles en niveau d’études classiques et supérieures

Depuis quelque temps déjà, la prostitution juvénile gagne les trottoirs des grandes villes en Haïti. À Port-au-Prince/Pétion-Ville/Carrefour, plusieurs coins sont réputés cartels des prostituées. Les papas ne chôment presque pas, c’est du plaisir à gogos.

Certaines des « madan papa » sont des étudiantes à l’université et/ou aux écoles professionnelles privées de la capitale qui exercent le métier depuis belle lurette. Prises dans la spirale de la situation de misère noire qui prévaut au pays, sans gêne aucune, ces jeunes filles entreprennent des relations sexuelles avec une kyrielle de partenaires tels, « ti bròtè, bredjen, papa et même grand-papa ». La plupart des hommes mariés de la diaspora, particulièrement les chauffeurs de taxi, abandonnent leur toit marital pour aller vivre en concubinage avec des « madan papa » qui sont plus jeunes que leur épouse, sous prétexte qu’elle ne le stimule pas.

Dépendamment du profil économique du client en question. Exploiteuses/manipulatrices, certaines « madan papa » en abusent malheureusement de leurs partenaires, âgés pour la plupart, entre 57 et 75 ans. Elles arrivent même à porter atteinte à la vie de la femme légitime par le biais du vaudou, dans le but de prendre possession du vieil homme qui est, à notre sens, un obsédé sexuel notoire.

Confrontées à des difficultés économiques, légion sont celles qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts de la chaîne pour financer leurs études et qui se voient obligées de prendre ce chemin. De nos jours, la prostitution est devenue de plus en plus facile. Grace à la technologie moderne, les rendez-vous sont souvent pris à l’aide de l’internet et/ou du téléphone portable.

Comment résoudre ce problème de « madan papa » ?

En fait, il y a des problèmes partout, il faut simplement ne plus se mettre la tête dans le sable. Plusieurs papas croient qu’il n’y a aucune conséquence si on se fait prendre dans des actes sexuels avec des mineures. À leur avis, le détournement de mineur n’est pas une infraction criminelle. Loin de nous éterniser sur les multiples causes de la montée flagrante de cette vague de prostitution, il est impossible de faire le décompte des jeunes filles qui se sont lancées dans le commerce de « madan papa ». Cependant, la société haïtienne doit rapidement se ressaisir en mettant en place un programme pour essayer de les sortir de cette descente aux enfers. Elles ne peuvent en effet continuer à être mise dans une situation où elles doivent endosser des responsabilités familiales qui dépassent leurs compétences.

Incertain que cela puisse paraitre, néanmoins, tout n’est pas perdu. Ces mineures qui sont de différents groupes d’âge ne sont pas toutes des fillettes sans famille. Elles sont peut-être infortunées, par contre, tout comme les enfants aisés de la classe dominante, elles ont aussi leur place dans notre société. Donnez-leur donc une chance de bâtir un avenir. L’histoire de la jeunesse haïtienne est tellement triste, il ne serait pas absurde de se poser la question : quel avenir ? Laissant la balle dans le camp de nos dirigeants qui devraient avoir pour objectif de prévenir l’exploitation sexuelle des mineurs. Nous pensons qu’il y a trop de laisser-faire.

Invitées à réagir le plus rapidement possible à ce dossier, les autorités haïtiennes ont pour devoir de mettre sur pied des projets de subvention à long terme afin d’encadrer ces jeunes filles tant en matière de la pauvreté infantile et à promouvoir le bien-être des enfants, qu’en matière de lutte contre la prostitution ou le phénomène de « madan papa ». Une autre étape importante est de sensibiliser les donateurs de spermatozoïdes et les pères démissionnés au fléau, d’assumer leurs responsabilités. Une tâche destinée aux ministères des affaires sociales, de la jeunesse et à la condition féminine, et de l’Éducation nationale.

http://www.haiti-observateur.ca

 

 

Le Blanchiment des Capitaux


Haiti-Observateur 3-10 mai 2017

Par Rosie Bourget

Nous entendons très souvent parler ces derniers temps de l’extradition, de trafic de drogue et de blanchiment d’argent. Ainsi, le procès de certaines personnes, ont attiré toute l’attention. Nous vient à l’esprit la question récente du sénateur élu Guy Philipe. L’actualité de tous ces points nous incite à effectuer en premier lieu des recherches correspondantes au blanchiment d’argent, afin de bien nous informer de son histoire et de ses applications.

S’il est aujourd’hui difficile de contrôler ce qui entre et sort d’un espace géographique donné, ou dans le tiers monde, dans les grands pays, ce n’est pas le cas. Le blanchiment d’argent est en perpétuelle évolution, il est devenu un phénomène d’ampleur internationale qui se situe au centre des préoccupations de tout le monde.

Le terme « blanchiment » remonterait au temps de la prohibition de l’alcool aux États-Unis vers 1930. Ce terme, « d’après la légende, aurait été inventé par Al Capone : celui-ci utilisait une chaîne de laveries automatiques disséminées dans Chicago pour maquiller les revenus qu’il tirait en réalité du jeu, de la prostitution, du racket de la violation des lois de la prohibition »

Ce système présentait le double avantage de permettre la conversion des espèces provenant du trafic dans l’acquisition de fonds de commerce, puis de réinjecter dans le chiffre d’affaires du dit commerce les liquidités issues de l’activité occulte. Le concept de blanchiment varie suivant les facultés et les qualités de ses utilisateurs, il est donc possible de dégager deux types de définitions, l’une empirique et l’autre juridique ; complétées par une approche culturelle.

La notion juridique de blanchiment se trouve initialement précisée dans des textes conçus par des organisations internationales, qu’il s’agisse des Nations Unies et de l’Union Européenne, puis par le droit pénal national. En droit strict, la particularité du blanchiment réside dans le fait qu’il suppose un « concours d’infractions », c’est-à-dire qu’il n’existe que subséquemment à une infraction sous-jacente ou initiale de laquelle il dérive, comme par exemple un trafic de stupéfiants. L’éclairage de la convention des Nations Unies contre le trafic illicite des stupéfiants et des substances psychotropes : La convention de Vienne du 20 décembre 1988 définit les deux principaux éléments constitutifs du délit de blanchiment de l’argent de la drogue : l’élément matériel et l’élément intentionnel.

L’élément matériel : la dissimulation de l’origine des biens.

La convention met l’accent sur le camouflage des avoirs, en tant que fondement même de l’infraction de blanchiment. Il peut être obtenu par une opération de transfert des biens ou de conversion de leur nature et de dissimulation de leur véritable propriétaire. Elle vise aussi l’acquisition, la détention ou l’utilisation des « biens illicites », autrement dit leur recel. L’élément matériel doit être conforté par un second critère.

L’élément intentionnel : la connaissance de l’origine des biens.

Pour que le blanchisseur puisse être condamné, il faut faire la preuve de sa mauvaise foi. La démonstration de l’intention coupable s’avère la condition obligatoire de l’infraction pénale. La mauvaise foi du blanchisseur devra être déduite non seulement de la conscience de son acte mais aussi de la connaissance qu’il avait du trafic. Il est donc nécessaire pour la discussion sur le délit de blanchiment, d’apporter au préalable la preuve de l’existence d’un trafic préalable. L’administration de la preuve de l’élément intentionnel se dédouble. Pour atténuer cette difficulté, la communauté internationale s’est orientée vers la création d’un délit général de blanchiment.

Tous les pays peuvent être touchés par le phénomène du blanchiment. Certaines zones dans le monde cependant sont plus sensibles que les autres. Parmi les pays sensibles, nous pouvons trouver: les États-Unis, l’Amérique latine, l’Amérique centrale et le bassin des Caraïbes (impliqué dans la production et le trafic de drogue et les flux financiers frauduleux), la zone asiatique (vieille tradition de règlement des transactions en espèces et le réseau de banques souterraines qui favorisent efficacement le transfert de capitaux sous anonymat). l’Afrique: surtout les pays comme le Nigéria, le Togo ou le Bénin. Pays de l’ex-Union soviétique et de l’ex-bloc de l’Est (mafia russe et ses investissements dans l’immobilier, restauration, industries minières). L’Europe (endroits financières historiquement attractives comme Andorre, Monaco, Suisse, Luxembourg et Liechtenstein auxquels se rajoute un des réseaux bancaires les plus développés au monde. Il existe plusieurs méthodes de blanchiment qui sont efficaces et adaptées selon les besoins. L’analyse des comptes bancaires du blanchisseur met en évidence des dépôts d’espèces importants et des virements en provenance de différentes sociétés.

Après avoir examiné brièvement ce sujet, nous avons constaté l’ampleur du phénomène de blanchiment d’argent qui touche tous les domaines comme l’économie et la politique. Le blanchiment existera toujours car les enjeux financiers sont trop importants pour les blanchisseurs.