Martine Moïse : la Première Dame d’Haïti, au banc des accusés


Par Rosie Bourget

(Publication extraite de www.Haiti-Observateur.ca, édition 02/15/2017-03/01/2017)

Pembroke Pines (Floride), mercredi 15 février 2017 ((rezonodwes.com).

La tenue de la première dame d’Haïti Martine Marie Étienne Joseph Moïse a fait la une en Haïti et sur les réseaux sociaux. Lors de la cérémonie d’investiture du 58e président de la République d’Haïti, Jovenel Moïse, ce n’est pas son discours qui était au centre des débats, ni son programme de gouvernement, mais plutôt la tenue portée par son épouse.

Certes, elle peut ne pas être une icône de la mode de la trempe de Michelle Obama, ou un mannequin  du calibre de Carla Bruni, la femme de l’ancien président français Nicolas Sarkozy. Mais, à notre humble avis, même lorsqu’elle est noire, elle n’a rien à envier à Hillary Clinton, Laura ou Barbara Bush, ou l’une des femmes qui l’ont précédée aux États-Unis dans le rôle de première dame. Donc,   en gardant tout cela à l’esprit, on se demande,  à quoi donc pensaient les bons à rien,  quand ils passaient mardi dernier le plus clair de leur temps sur les réseaux sociaux à déshabiller la première dame de la République d’Haïti ?

Dans cette litanie de photos et d’articles aussi insipides que sexistes, on jase, on met à plate couture, on se moque, on ironise, on descend en flammes cette pauvre femme qui, selon nos compatriotes, a commis une grave faute de goût. Comme a dit Paul Bourget « Ce n’est pas la charge qui tue la bête, c’est plutôt l’excès de la charge. ».

Considérant l’excès de la charge, c’est pour cette raison que Martine Moïse reçoit un soutien tout à fait inattendu de l’auteure de la rubrique de « Développement Personnel » qui publie sur Haïti-Observateur son sentiment face à toutes ces critiques que la première dame a dû avaler ; comme nous l’avions fait pour la conjointe de Roberto Martino, lorsque Djakout Mizik la traitait comme un objet dans sa meringue carnavalesque « Yo Manyen Madan Bèto». Cette focalisation répugnante sur la tenue de l’épouse du président Jovenel Moïse n’est pas correcte. Et un événement aussi respectable (l’investiture d’un président) ne peut être éludé au profit d’une telle activité (la critique ou l’indécence).

Les commentaires étaient plutôt acerbes. Certains arrivent à se dire : « Il est clair qu’elle n’a pas de fille, aucune fille au monde n‘aurait laissé sa mère porter cette tenue. A-t-elle seulement des amis » ? « Robe tarlatane et totalement inappropriée en la circonstance », « Ce choix était une erreur et elle aurait eu besoin de conseils en matière de style », ont-ils ajouté.

Certaine presse écrite et parlée, les webzines et autres blogs, bref tous les médias sociaux (WhatsApp, Facebook, Instagram, Twitter… etc) ne parlaient que de cela.  Mais il faut bien le dire, dès le premier jour de son entrée triomphale dans la vie politique, Martine Moïse a réussi magistralement à retenir l’attention de tous. C’est quand même un record. Donc, à quelque chose malheur est bon, puisqu’en un rien de temps elle est devenue fameuse grâce à ce soi-disant malheureux hasard.

À notre sens, cette robe rouge à ceinture bleue roi, disons mieux, aux couleurs du bicolore Haïtien, portait un message patriotique qui a été très mal reçu et compris. Femme modeste et simple, victime de stéréotype (fanm an deyò), Martine Marie Étienne Joseph Moïse est la première dame de tous les Haïtiens. Tout comme Michelle Obama le fut aux américains, elle a ses propres qualités, ses préférences, son choix et son style de vie.

Mon œil, soyons réalistes. Si Martine a besoin de cours d’étiquette/protocole, elle ne fait que rallonger la liste, car il y d’autres épouses des Chefs d’États haïtiens qui ont besoin de l’aide sur la même lancée. Bien que la nouvelle année vient à peine de pointer son nez, il paraît que la première dame est la femme la plus critiquée au tout début de l’an 2017. En tant qu’ambassadrice de la justice sociale, nous ne saurions terminer ce billet sans remonter l’estime de soi de cette pauvre femme qui n’a rien fait pour mériter cette peine capitale.

Martine Moïse, vous venez de prendre votre baptême de feu, sachez que la critique ne tue pas celui qui doit vivre, ni fait vivre celui qui doit mourir. Méfiez-vous des faits divers, des impayables remarques sur votre garde-robe, gardez la tête haute, c’est votre valeur intrinsèque qui compte. À bon vin point d’enseigne. Non seulement vous êtes une belle femme, vous avez aussi d’autres chats à fouetter durant les cinq prochaines années.

Bonne chance dans votre nouvelle fonction de première dame de la République d’Haïti.

r_bourget@yahoo.com

MTS (maîtrise en Travail social)

Quelle Différence Entre Le Cas De Guy Philippe Et Celui De El Chapo?


Par Rosie Bourget

Un baron de la drogue extradé de l’autre côté de la frontière américano-mexicaine

(extrait de Haiti-Observateur.ca)

Accusé d’avoir introduit de la drogue aux États-Unis et alimenté une guerre fratricide entre cartels, au Mexique ; poursuivi au Texas et en Californie, notamment pour trafic de drogue, homicide et blanchiment d’argent, le chef du cartel de Sinaloa, Joaquin Guzman, surnommé El Chapo, a été extradé jeudi 19 janvier du Mexique vers les États-Unis.

Si Guy Philippe, le sénateur élu du département de la Grand’Anse a été « cueilli » à la manière d’une tourterelle et remis à la DEA  comme un chien sans maître pour être déféré à la justice américaine pour blanchiment d’argent et trafic de drogue, quant à El Chapo, le puissant narcotrafiquant mexicain du siècle, la procédure d’extradition judiciaire a été effectuée selon les normes.

Silence de cimetière en Haïti, transparence au Mexique

Alors qu’aucune explication relative à l’arrestation et la livraison à domicile « sans frais » de Guy Philip pe n’a été donnée par les autorités haïtiennes, non seulement le ministère mexicain des Affaires étrangères a la décence de l’annoncer dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur me xi cain, Miguel Angel Osorio Chong, publie sur son compte Twitter le jour même de l’extradition, « Guzman a été extradé cet après-midi et devra affronter plusieurs poursuites pénales en cours », (« Como se ha dado a conocer , el criminal Joaquín Guz mán Loera, fue extraditado esta tarde para hacer frente a sus procesos penales pendientes»).

Après avoir autorisé en mai 2016 l’extradition du plus puissant narcotrafiquant de la planète, le ministère mexicain des Affaires étrangères avait aussi assuré qu’il avait obtenu des autorités américaines la garantie que « la peine de mort ne serait pas appliquée». Dans le cas de l’ex-commissaire de police Guy Philippe, est-ce que les autorités haïtiennes chargées des affaires juridiques et internationales se foutent à ce que sa cause soit entendue équitablement par un tribunal indépendant et impartial ?

Contrairement à certains de nos compatriotes, qui se réjouissent du malheur du sénateur élu Guy Philippe, il est important de signaler que même lorsque l’évasion spectaculaire a plusieurs reprises de « El Chapo » infligeant un sérieux camouflet aux autorités a convaincu le président Enrique Peña Nieto d’accepter l’extradition du narcotrafiquant vers les États-Unis, jusqu’alors Enrique Peña Nieto s’était toujours opposé à cette extradition, souhaitant voir « El Chapo» jugé par la justice mexicaine.

Est-ce un heureux hasard ?

L’extradition de Joaquin Guzman, à quelques heures de la fin du mandat de Barack Obama,  la veille de l’investiture de Donald Trump, est-il un heureux hasard ? Il y a des histoires qui font que le linge sale ne doit se laver qu’en famille. Peut-être que les autorités américaines et mexicaines ne souhaitent pas que le monde dans son ensemble ait connaissance approfondie de certaines affaires internes. Dans tous les cas de figure, le moment choisi pour extrader le baron de la drogue mexicain ne serait pas une simple coïncidence.

R.B.

Master of Social Work/
Maîtrise en Travail Social

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