Discussion: MADAN PAPA : UNE PLAIE À TOUCHER DU DOIGT


Extrait de Haiti-Observateur 10-17 mai 2017

Par Rosie Bourget

Au risque de nous faire détester par des papa-prédateurs sexuels ou habitués des bordels. Considérant que certains parents ont démissionné de leurs missions, livrant leurs jeunes filles à ce mouvement de « madan papa » pour répondre à des soucis de la vie. En tant que mère de famille et citoyenne consciente, nous jugeons nécessaire de mettre notre plume dans l’encrier de ce phénomène qui prend le dessus à Port-au-Prince et dans plusieurs régions du pays.

Madan papa ou vendeuse de sexe ! Qui sont-elles ?

Souvent mineures, des milliers d’haïtiens, y compris des touristes sexuels et des hommes d’affaires étrangers fréquentent tous les jours des prostituées en Haïti. Couramment, les « madan papa » sont pour la plupart des jeunes de 12 à 27 ans. Elles sont toutes dans ce commerce pour des raisons différentes. Si certaines sont des pros dans le domaine, d’autres, par contre, sont à leurs premiers coups d’essai, comme le cas de ces orphelines qui ont perdu leurs parents suite à la catastrophe naturelle qui a ravagé le pays le 12 janvier 2010, laissant plus d’un million de sans-abris/sans-revenus. Pour survivre, bon nombre de jeunes filles, livrées à elles-mêmes, sont forcées de se prostituer, d’entrer en relation intime avec des vieux mariés qui pourraient être leur père.

Bien que tolérée, la prostitution ne date pas d’hier. En tant que phénomène social elle serait plutôt vieille comme le monde en soi. En outre, la prostitution est considérée comme une activité contraire aux bonnes mœurs et illicite. Il y a des fillettes qui se prostituent dès l’âge de 10 ans. Ouvertement ou clandestinement, nombreuses sont les adolescentes à travers le monde qui se livrent à ce métier vilain, qui malheureusement a déjà ôté la vie à plusieurs putains.

Dans un pays où les femmes n’ont presqu’aucun droit et passent leur vie sous tutelle masculine, le commerce de la chair est fortement toléré par la société haïtienne. Découlant d’un taux élevé de leurs méfaits dans les villes, cette situation augure un cercle vicieux, dans lequel les mineures, forcées de se prostituer aujourd’hui, donneront naissance aux potentiels bandits de demain. Des enfants qui à coup sûr viendront progressivement grossir les rangs des criminels.

La Minustah et les mineurs ! Quel rapport ?

En Haïti, les casques bleus n’ont pas besoin de fréquenter des bordels offrant les services de travailleuses du sexe. Un nombre important de mineurs sont à leur disposition pour offrir leurs services aux étrangers dépêchés sur place pour assurer la reconstruction du pays.

La prostitution du côté des jeunes filles en niveau d’études classiques et supérieures

Depuis quelque temps déjà, la prostitution juvénile gagne les trottoirs des grandes villes en Haïti. À Port-au-Prince/Pétion-Ville/Carrefour, plusieurs coins sont réputés cartels des prostituées. Les papas ne chôment presque pas, c’est du plaisir à gogos.

Certaines des « madan papa » sont des étudiantes à l’université et/ou aux écoles professionnelles privées de la capitale qui exercent le métier depuis belle lurette. Prises dans la spirale de la situation de misère noire qui prévaut au pays, sans gêne aucune, ces jeunes filles entreprennent des relations sexuelles avec une kyrielle de partenaires tels, « ti bròtè, bredjen, papa et même grand-papa ». La plupart des hommes mariés de la diaspora, particulièrement les chauffeurs de taxi, abandonnent leur toit marital pour aller vivre en concubinage avec des « madan papa » qui sont plus jeunes que leur épouse, sous prétexte qu’elle ne le stimule pas.

Dépendamment du profil économique du client en question. Exploiteuses/manipulatrices, certaines « madan papa » en abusent malheureusement de leurs partenaires, âgés pour la plupart, entre 57 et 75 ans. Elles arrivent même à porter atteinte à la vie de la femme légitime par le biais du vaudou, dans le but de prendre possession du vieil homme qui est, à notre sens, un obsédé sexuel notoire.

Confrontées à des difficultés économiques, légion sont celles qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts de la chaîne pour financer leurs études et qui se voient obligées de prendre ce chemin. De nos jours, la prostitution est devenue de plus en plus facile. Grace à la technologie moderne, les rendez-vous sont souvent pris à l’aide de l’internet et/ou du téléphone portable.

Comment résoudre ce problème de « madan papa » ?

En fait, il y a des problèmes partout, il faut simplement ne plus se mettre la tête dans le sable. Plusieurs papas croient qu’il n’y a aucune conséquence si on se fait prendre dans des actes sexuels avec des mineures. À leur avis, le détournement de mineur n’est pas une infraction criminelle. Loin de nous éterniser sur les multiples causes de la montée flagrante de cette vague de prostitution, il est impossible de faire le décompte des jeunes filles qui se sont lancées dans le commerce de « madan papa ». Cependant, la société haïtienne doit rapidement se ressaisir en mettant en place un programme pour essayer de les sortir de cette descente aux enfers. Elles ne peuvent en effet continuer à être mise dans une situation où elles doivent endosser des responsabilités familiales qui dépassent leurs compétences.

Incertain que cela puisse paraitre, néanmoins, tout n’est pas perdu. Ces mineures qui sont de différents groupes d’âge ne sont pas toutes des fillettes sans famille. Elles sont peut-être infortunées, par contre, tout comme les enfants aisés de la classe dominante, elles ont aussi leur place dans notre société. Donnez-leur donc une chance de bâtir un avenir. L’histoire de la jeunesse haïtienne est tellement triste, il ne serait pas absurde de se poser la question : quel avenir ? Laissant la balle dans le camp de nos dirigeants qui devraient avoir pour objectif de prévenir l’exploitation sexuelle des mineurs. Nous pensons qu’il y a trop de laisser-faire.

Invitées à réagir le plus rapidement possible à ce dossier, les autorités haïtiennes ont pour devoir de mettre sur pied des projets de subvention à long terme afin d’encadrer ces jeunes filles tant en matière de la pauvreté infantile et à promouvoir le bien-être des enfants, qu’en matière de lutte contre la prostitution ou le phénomène de « madan papa ». Une autre étape importante est de sensibiliser les donateurs de spermatozoïdes et les pères démissionnés au fléau, d’assumer leurs responsabilités. Une tâche destinée aux ministères des affaires sociales, de la jeunesse et à la condition féminine, et de l’Éducation nationale.

http://www.haiti-observateur.ca

 

 

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