Demandant une information et une formation
Il est important que les responsables, les décideurs et les cadres de conception et d’exécution soient informés et formés sur l’existence de concepts, de méthodes et d’outils opérationnels et efficients pour prendre en compte chaque acteur du changement. L’information-formation facilite le renforcement de l’adhésion à la réalité que certaines catégories de population sont spoliées dans l’obtention des bénéfices du développement. Elle favorise également une démarche de réflexion qui n’isole plus les problèmes de femmes.
Percevoir, comprendre et être convaincu de l’approche qui appréhende la globalité du monde rural, les différentes catégories de population, les interrelations et les influences, est le premier pas vers une politique en faveur des femmes. L’information-formation est alors un acte de développement de la capacité nationale et une des premières étapes de la formulation d’une politique rationnelle en faveur des femmes rurales. Ces femmes font partie de celles qui vivent toute l’année dans les champs agricoles. Elles travaillent la terre et elles gagnent honnêtement leur vie.
Inégalités structurelles entre les hommes et les femmes
Garantir l’égalité des chances entre les femmes et les hommes constitue une priorité importante pour tous, mais aussi, tout simplement, une condition sine qua non de la viabilité et de la durabilité du développement rural. Une participation pleine et entière des femmes est en effet essentielle pour maximiser les ressources humaines tout en préservant le tissu social des communautés rurales et en revitalisant les économies locales. L’égalité des chances doit donc être systématiquement intégrée à la conception et à la mise en œuvre des programmes et projets de développement rural, afin qu’hommes et femmes puissent y prendre part et en bénéficier sur un pied d’égalité. Un meilleur équilibre doit être réalisé entre les femmes et les hommes lorsqu’il s’agit de prendre des décisions affectant la vie et l’économie du monde rural; c’est en encourageant activement les associations et réseaux de femmes, en assurant leur participation et en promouvant les femmes à des postes de conception et d’encadrement qu’un tel résultat pourra être obtenu.
De nombreuses femmes rurales continuent de rencontrer des obstacles qui minent leurs chances de succès, comme le manque d’infrastructures publiques et sociales, l’accès inégal au crédit, aux équipements techniques et autres ressources importantes. On accorde trop peu d’attention aux facteurs qui renforcent les inégalités entre les femmes et les hommes en milieu rural, et les mesures prises n’ont pas permis d’éliminer la discrimination et surmonter les désavantages structurels que doivent surmonter les femmes. Les femmes rurales sont la clé de la sécurité alimentaire: elles constituent une part importante des producteurs agricoles et jouent un rôle crucial dans l’alimentation de leurs familles et de leurs nations.
Étant donné que, dans de nombreux pays en développement, les femmes effectuent une série de tâches essentielles de ménage et de soins, leur journée de travail a tendance à être plus importante que celle des hommes. Dans des pays comme le Bénin et la Tanzanie, par exemple, les femmes rurales travaillent 14 heures de plus par semaine que leurs homologues masculins.
Une contribution indispensable pour le développement
Les femmes rurales représentent le pilier sur lequel repose la main d’œuvre agricole dans beaucoup de pays en développement. Actuellement, dans certains pays affirmant leur volonté d’une meilleure intégration des femmes au développement, la multiplicité des institutions concernées, intéressées, impliquées est grande, institutions gouvernementales, non-gouvernementales, nationales, internationales, civiles, associatives, de financement et, de façon timide encore les organisations professionnelles.
Comment se fait-il alors que l’évolution en faveur des femmes soit si lente alors que tant et tant (hommes girouettes, politiciens véreux) affirment leur volonté, leur intérêt et leur préoccupation pour cette moitié de la population? Le manque de coordination, les conflits d’intérêts, l’absence de politique claire et explicite, la faiblesse des niveaux de compétence, sont les éléments visibles d’explication. Un problème plus profond existe: la difficulté à cerner que l’intégration des femmes au développement est une garantie et une réponse à un développement durable. En effet, elle apporte des résultats économiques nationaux et individuels et aussi des changements sociaux et personnels. Les femmes rurales sont des agricultrices qui assument des fonctions, des responsabilités, des tâches génératrices de résultats productifs et financiers. L’absence de ces connaissances est une véritable pierre d’achoppement, une indispensable nécessité à un développement durable.
Nous faisons appel au ministère de la Femme, à toutes les organisations féminines et à la société civile, œuvrant à la cause féminine d’aller vers la ruralité pour encadrer ces femmes et en faire un rempart contre toute atteinte à leurs acquis. Les femmes rurales s’occupent non seulement des tâches agricoles mais également de celles propres à leur foyer et à leur communauté. Leur autonomisation est entravée par les obstacles de nature sociale, économique et politique comme conséquence du déséquilibre entre les sexes. Pourtant, donner aux femmes les moyens d’agir et de développer leur activité revient à soutenir toute la communauté qu’elles entretiennent.
La femme dans le processus du développement
« Haïti est un pays essentiellement agricole » souligne la géographie d’Haïti. Il fut un temps, l’ensemble du pays dépendait, en grande partie, sur le plan économique et social, du secteur agricole et rural qui contribue de façon considérable au produit national (sisal, café, cacao, canne à sucre, pitre… ) et qui tente de garantir la sécurité alimentaire.
Il n’y aura pas de développement d’Haïti sans la participation pleine et entière de la femme et surtout la femme rurale, d’où la nécessité de promouvoir cette participation. La promotion de la femme dans le processus du développement n’est pas seulement un problème d’équité mais surtout une nécessité. La participation de la femme au développement ne sera possible que lorsque celle-ci a le sentiment que son travail est reconnu et valorisé, et son statut réel pris en compte. L’un des défis du 3e millénaire est d’améliorer la condition juridique, économique et sociale de la femme, pour qu’elle prenne elle-même en main son destin. Il s’agit d’une lutte quotidienne de tous, gouvernements, collectivités locales, ONG, syndicats, associations des femmes, partis politiques, mouvements associatifs. Sans prétendre être l’avocat du diable, nous pouvons dire que toutes ces femmes rurales sont avides de savoir et de connaître leurs droits et leurs devoirs dans la société. Femmes rurales ou femmes de l’arrière-pays, « fanm andeyò ou fanm mònn », mon œil ! Ne sont-elles pas aussi importantes que les femmes urbaines ?