Par Rosie Bourget
Etes-vous un parâtre ou un père responsable ? Comment pouvez-vous vivre tranquillement sans jamais vous soucier de vos enfants ? C’est incroyable de penser qu’un père pourrait abandonner son progéniture. Étant donné que le 17 juin c’est la fête des pères, il est important de se penche sur ces enfants abandonnés, nés hors mariage ou enfants illégitimes. Richie du groupe Klass n’aurait pas su bien dire dans un très beau texte, intitulé « Pitit Deyò ».
« Enfant sans père » ou « Pitit sans papa », à notre humble avis cette absurdité n’est pas de mise. Pour mieux nous faire comprendre, même par la force du test ADN, et même si le père refuse le principe du mariage, un enfant devrait avoir un père biologique. Il n’est pas nécessaire de vous rappeler que toute institution livrée à elle-même est vouée à l’échec. En Haïti, lorsqu’il s’agit de faire le décompte des enfants abandonnés ou de pères inconnus, aucun chiffre ne peut être donné. Ce phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur est dû à plusieurs causes. D’après les études réalisées par des Ligues pour la protection de l’enfance, dans plusieurs centres d’accueil répartis sur les plus grandes villes d’Haïti, les raisons principales de ce phénomène sont à la fois d’ordre moral, social et économique. Les enfants nés hors mariage viennent en premier lieu.
Souvent, des jeunes filles, espérant le mariage, se laissent enliser dans une relation douteuse qui finit par un enfant sur les bras et un père qui refuse d’assumer la responsabilité. Ces mères célibataires, sont souvent chassées par leurs familles et n’ont aucune issue sauf s’enfuir vers une autre ville, pour accoucher en cachette. Il y a aussi les enfants nés d’une relation incestueuse. Les dossiers de ce genre d’affaires sont sous le secret familial, dans le but de ne pas salir la famille ou de protéger l’auteur du crime. Disons mieux, le violeur. Pourtant, d’après nos sources, plusieurs cas d’enfants déclarés comme abandonnés sont bel et bien des enfants nés de l’inceste.
Ces enfants issus de ce genre de drame sont condamnés à vivre en marge de la société, privés même d’un nom de famille. D’après une enquête, parmi les mères célibataires on retrouve les ouvrières, les femmes de ménage, les lycéennes et les étudiantes. Ces filles sont âgées de 16 ans à 34 ans. Souvent, elles se retrouvent dans cette situation pour avoir cru à une promesse fallacieuse de mariage. L’enquête démontre que 50 % de ces mères célibataires ont été victimes d’une promesse de mariage non tenue, tandis que 28 % d’entre elles avouent que la grossesse est survenue à la suite d’une relation amoureuse. La prostitution arrive en troisième place avec 14 %, suivie du viol avec 8 %
Quel avenir pour les enfants abandonnés ? Quelle alternative pour ces enfants privés de famille.
Le fait de grandir dans un environnement familial sûr est essentiel pour qu’un enfant puisse effectuer les différentes phases relatives à son développement psychologique, cognitif et physique. A force d’être livrés à eux-mêmes, ces jeunes sont tous exposés aux dangers, aux abus ou à l’exploitation. Les plus vulnérables sont ceux qui vivent et dorment dans la rue. Pour un plat de lentille ils sont prêts à faire n’importe quoi.
Certains survivent en faisant partie des gangs de Grand ravine, de cite Soleil, ou grâces à de petits boulots comme cireurs de chaussures, de nettoyeurs de vitres de voiture etc. mais que peut-on attendre lorsqu’ils n’ont pas d’autres recours ! Dans la douleur tout homme réagit. Que peut-on espérer lorsque l’état démissionne, et les girouettes politique, les soi-disant dirigeants se foutent de quoique ce soit !
L’abandon est un traumatisme, une blessure qui ne cicatrise pas. Pour les enfants de pères inconnus, ils ne sauront jamais quelle est leur histoire, qui sont leurs pères et quelle est la raison de leur abandon. Vue l’ampleur de ce fléau qui gangrène la jeunesse haïtienne, il est impératif aujourd’hui, que toutes les parties prenantes regardent ces réalités en face et prennent la décision d’agir en toute responsabilité dans le cadre de politique envers ces enfants en détresse, afin de leur garantir leurs droits fondamentaux, une vie décente, une éducation adéquate et, notamment, leur droit à l’enfance.
Maitrise en Travail Social (MTS)
Poète/écrivaine