Par Rosie Bourget
Personne ne sort savant du ventre de sa mère. L’éducation est fondamentale pour le bien-être des enfants dans les pays du tiers-monde. C’est un bon moyen pour les aider et améliorer leurs conditions. Le but premier de cette rubrique est d’estimer les déterminants de la scolarisation et surtout de faire le lien avec la pauvreté. En d’autres termes, le niveau de vie, les différences observées entre la scolarisation et le travail des enfants dans les champs et la pauvreté.
La pauvreté ambiante des ménages se conjugue souvent avec certains aspects du sous-développement des pays pauvres pour amplifier les tendances vers une sous-scolarisation des enfants. Dans ces pays pauvres, le marché financier est à l’état embryonnaire, sinon inexistant; l’agriculture est demeurée toujours intensive en main-d’œuvre. Pour plusieurs analystes de l’éducation, l’école est en déclin dans plusieurs pays en développement et plus particulièrement dans les pays de la Caraïbe, d’Afrique au sud du Sahara à cause d’un sous-investissement dans le secteur, d’une inadéquation entre les enseignements dispensés et les débouchés réels de l’économie, des nombreux échecs ; bref d’une absence totale de politiques éducatives dans ces pays.
On distingue trois principaux facteurs qui expliquent les problèmes de l’école, dont les contraintes budgétaires, l’aide internationale et les ressources humaines. En face d’une situation de crise où les pays en développement doivent faire face à d’énormes problèmes de solvabilité dus notamment à la chute des coûts des matières premières (qui raréfient les recettes de ces pays) et à de forts taux d’endettement. Ces politiques en limitant fortement les investissements, au moment où la pression pour la scolarisation s’accroît au sein de la population, ont contribué à une forte augmentation des effectifs (classes surchargées), à une inadéquation des moyens pédagogiques, à un manque de motivation des enseignants souvent mal payés et sous qualifiés.
En ce qui concerne l’aide externe, elle n’a pas été à la hauteur des attentes des gouvernements. Elle reste très modeste au vu des besoins. De plus, les conditions souvent draconiennes d’octroi des financements par les agences ne permettent pas de disposer des ressources au moment des besoins. Enfin, seul un faible pourcentage du corps enseignant serait susceptible de faire face aux responsabilités nouvelles en matière d’encadrement et gestion des cours, d’une promotion d’une pédagogie centrée sur l’élève, de gérance des nouveaux outils pédagogiques offerts par les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Ces différents problèmes ont pour finalité d’amener les parents à extraire leurs enfants du système éducatifs pour les faire travailler dans les champs ou comme vendeurs/ses dans les marchés publics. Ce choix se trouve plus poussé chez les ménages pauvres où les frais de scolarisations constituent en outre des contraintes insurmontables.
Selon les recherches approfondies de l’auteure, en Haïti, la pauvreté influence négativement la scolarisation. Toutes choses étant égales, par ailleurs, les enfants vivant dans les milieux ruraux ont moins de chance que ceux des milieux urbains d’être solarisés. Ainsi, les enfants qui vivent en milieu rural ont 19,7 % de chances de moins que les enfants vivant en milieu urbain d’être scolarisés. Cela s’explique par l’absence d’écoles dans certaines localités ou par la longue distance qu’il faut mettre avant d’atteindre les écoles. D’où l’impact négatif de l’éloignement de l’école sur la probabilité de scolariser les enfants. Le fait que l’école soit éloignée réduit la probabilité de scolarisation des enfants de 86 %, alors qu’elle augmente leurs probabilités de travailler dans les champs de 14,8 %. La présence des enfants de 0-5 ans dans le ménage joue négativement sur la fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans. Ces derniers sont sollicités pour s’occuper des touts petits et dans la société haïtienne, c’est une tâche qui est davantage confiée aux jeunes filles.
Aussi, voit-on que le fait d’être fille se conjugue avec une faible fréquentation scolaire. L’une des principales causes de la mobilité des enfants est leurs participations aux activités socio-économiques des ménages. Ainsi, selon le lien de parenté avec le ménage, les propres enfants de la femme sont plus susceptibles de fréquenter que les enfants confiés ou que les enfants du conjoint.
De manière théorique, on s’entend à ce que le niveau d’éducation des parents et leurs occupations influencent la scolarisation de leurs enfants. Le fait que les parents soient instruits accroît leurs opinions sur l’école, accroît leurs chances d’insertion dans la vie active et donc offre un environnement excitatif aux enfants.
En conclusion, comme on peut s’y attendre, la scolarisation est une fonction croissante du niveau de vie du ménage et une fonction décroissante du travail. Les enfants issus des ménages pauvres ont moins de chances d’être scolarisés que ceux issus des ménages riches. Cependant, mon observation ne permet pas de conclure que le fait d’être pauvre est associé avec une forte propension des parents à envoyer leurs progénitures sur le marché du travail, même s’ils révèlent que les parents aisés rechignent à faire travailler leurs enfants.
D’autres facteurs comme le milieu dans lequel se trouve le ménage ou l’éloignement des écoles sont associés à la sous-scolarisation. Concernant les caractéristiques propres à l’enfant, la scolarisation est affectée par le sexe. Ainsi, les jeunes filles sont moins susceptibles de fréquenter l’école que les garçons. Le coefficient de cette variable sort significatif. De même, le lien de parenté de l’enfant avec le ménage influence sa scolarisation. Les enfants confiés ont moins de chance d’être scolarisés que leurs propres enfants.
r_bourget@yahoo.com
MTS (Maitrise en Travail Social)
Ecrivaine/therapeute