Par Rosie Bourget
Le principe de l’E-cigarette est né d’une idée d’Herbert A. Gilbert, qui en 1965 a breveté un dispositif qui partage les principales caractéristiques de la cigarette électronique. L’histoire de l’E-cigarette a donc redémarré au début du XXIème siècle. L’invention de l’E-cigarette est attribuée à Hon Lik, pharmacien chinois. Le premier prototype de cigarette électronique utilise une batterie au lithium pour produire l’énergie permettant de vaporiser le glycérol et une solution de nicotine à travers un dispositif piézo-électrique. Le début de chaque bouffée est contrôlé par une soupape s’ouvrant à la demande. La production d’aérosol ultrasonique a depuis été remplacée par un élément chauffant pour les e-cigarettes commercialisées. Le dispositif a d’abord été introduit sur le marché intérieur chinois en mai 2004 en tant qu’aide pour le sevrage tabagique. Ensuite, l’exportation a commencé en 2005-2006, avant un brevet international en 2007. L’efficacité de l’E-cigarette pour le sevrage du tabac n’a pas été montrée.
De nombreuses autorités sanitaires refusent de dire que ce produit est bénéfique pour le sevrage tabagique, en l’absence d’études. Plus récemment, ce produit a été vendu pour être utilisé là où fumer est interdit, mais de nombreux responsables de lieux privés ou publics, tels que les compagnies aériennes, ont pris l’initiative d’y interdire l’utilisation de la cigarette électronique. Aujourd’hui, ce produit est le plus souvent vendu comme une nouvelle alternative aux fumeurs. La cigarette électronique n’est pas chère parce qu’elle n’est pas imposée comme les produits du tabac et parce que récemment de nouvelles cigarettes électroniques jetables ont été commercialisées. Ce produit constitue potentiellement une porte d’entrée à l’utilisation du tabac chez les adolescents en raison d’une baisse des prix de 60 à 100 € à moins de 6 à 10 €. Une présente étude a été conduite pour voir si l’assertion que les e-cigarettes sont devenues un nouveau produit d’initiation au tabac est justifiée ou non.
Quatre fois moins chère que la cigarette traditionnelle, l’E-cigarette provoque, selon les consommateurs, des sensations comparables à l’autre. Coco, pêche ou mangue, on peut choisir son arôme pour accompagner la nicotine. Cette dernière peut être dosée en fonction de ses objectifs : réduire sa consommation de tabac ou viser l’arrêt total. Avec un million d’usagers en France et 7 millions en Europe, l’e-cigarette prend de l’ampleur. Selon une étude des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), sa consommation aurait même doublé en un an chez les collégiens et lycéens américains, 1,78 million de jeunes l’ayant utilisé en 2012.
La CDC a basé son étude sur un questionnaire délivré à 20 000 élèves. L’expérimentation de l’E-cigarette est ainsi passée de 4,7% en 2011 à 10% en 2012. Son utilisation courante a elle (quasiment) doublé, passant de 1,5% à 2,8%. Plus étonnant, la proportion de ceux qui ont vapoté et fumé au cours des 30 jours précédant l’enquête s’élève à 76,3%. Un chiffre qui inquiète les autorités américaines. « La montée de l’utilisation de la cigarette électronique est inquiétante, indique Tom Frieden, directeur des CDC. Car la nicotine que contient la cigarette électronique est une drogue qui entraîne une forte dépendance et de nombreux jeunes qui commencent avec elles, peuvent être condamnés à être dépendants toute leur vie ». Le ministère américain de la Santé estime même qu’il est « urgent de mettre en œuvre des stratégies pour empêcher la publicité, la vente et l’utilisation de la cigarette électronique par les jeunes ». Un grand nombre d’États américains ont, à l’instar de la France, interdit leur vente aux mineurs.
Selon la société française de tabacologie, la cigarette électronique reste moins nocive qu’une cigarette traditionnelle. Son secrétaire général, le Dr Gérard Mathern rappelle que cette dernière contient par exemple du goudron, une substance extrêmement toxique. La cigarette conventionnelle, du fait de sa combustion, crée, de plus, du monoxyde de carbone, un gaz notamment responsable des maladies cardiovasculaires chez les fumeurs. Alors que 90% des nouveaux fumeurs sont des adolescents, rappelle Tim McAfee, directeur du département Tabac aux CDC, «il est urgent de mettre en œuvre des stratégies pour empêcher la publicité, la vente et l’utilisation de la cigarette électronique par les jeunes». Le gouvernement américain devrait annoncer en octobre ses projets de règlementation de la cigarette électronique, les lois étant pour le moment différentes selon les États. Nombre d’entre eux en ont interdit la vente aux mineurs.
En Europe, plusieurs pays dont la France et l’Italie ont fait de même. L’étude des CDC a été réalisée à partir d’un questionnaire délivré à quelque 20.000 élèves, pour un rapport annuel sur les jeunes et le tabac. D’après ce que disent les fumeurs, ce n’est pas un produit inoffensif. Il y a toujours un doute sur sa nocivité à long terme. Si la communauté médicale y était au départ hostile, il semble que le succès rencontré par ce gadget électronique a permis de nuancer les points de vue.
L’essai de la cigarette électronique est en forte expansion chez les adolescents. La majorité de l’initiation chez les 12 et 14 ans se produit chez des non-fumeurs. L’utilisation de l’E-cigarette chez les fumeurs qui envisagent d’arrêter de fumer rapidement était moindre que chez ceux qui n’ont pas l’intention d’arrêter de fumer. L’E-cigarette est utilisée comme un nouveau produit du tabac. Pour éviter cette initiation et cette utilisation en tant que produit d’initiation, il serait beaucoup mieux de réglementer les cigarettes électroniques comme cela est fait pour les autres produits du tabac (ou les médicaments), d’interdire toute promotion et la vente dans les magasins ou sur Internet pour les adolescents de moins de 18 ans. De nouveaux projets de directive des entités concernées sur les produits du tabac ouvreront la voie à d’autres études de la réglementation des produits autres que le tabac qui diffusent de la nicotine. La prévention de l’usage de l’E-cigarette chez les adolescents est nécessaire dans un nouveau règlement.
r_bourget@yahoo.com
MSW (Maitrise en Science Sociale)
CSW/thérapeute (Travailleuse Sociale Clinique)