Par Rosie Bourget
Comment accepter nos différences ? Souvent on est persuadé d’avoir raison ou la science infuse, de détenir la vérité, ou d’être mieux placé pour savoir. Touchons la cible en plein centre. Nous ne sommes pas obligés d’être tout le temps d’accord avec les autres, que ce soient nos parents, notre conjoint, nos amis, nos voisins ou notre patron. Nous sommes libres d’avoir nos opinions et de les exprimer, tout en sachant évidemment respecter celles des autres. Je n’apprends jamais autant que lorsque je parle avec quelqu’un qui diffère de moi par son point de vue, ses idéaux ou sa manière de concevoir les choses. Lui permettre de s’exprimer dans sa différence est très important car il nous permet, en même temps, d’apprendre de cette différence et de pouvoir, ensuite, choisir en toute connaissance de cause de garder son propre point de vue ou, au contraire, d’adhérer au point de vue de l’autre. Nos différences ne nous empêchent pas de vivre ensemble. Au contraire, elles nous enrichissent, nous permettent de faire de chaque jour un apprentissage de la façon de penser, de la façon de vivre et des coutumes des autres. La différence est une qualité, elle ne devrait en aucun cas être un frein à l’amitié, ou même à l’échange, à la conversation.
Je ne trouverais pas normal qu’au 21eme siècle les haïtiens ne peuvent pas s’entendre, voire cultiver l’esprit de tolérance, l’amour du prochain l’un envers l’autre. Encore une preuve de sous-développement, de manque d’éducation, de manque de savoir-faire ou de fair-play, comme vous voulez l’appeler. À partir du moment où ces gens-là prennent conscience de leur mentalité restreint, le pays « Haiti » qui, fut un temps « La Perle Des Antilles » ne devrait plus être très mal vu comme la poubelle des Antilles. Les différences n’empêchent rien. Considérant que nous vivons dans un monde interdépendant, elles sont au contraire très importantes. Soyons réalistes, si nous étions tous pareils la vie serait trop monotone.
Dans notre communauté, est-il possible d’être d’accord pour ne pas être d’accord ? Est-ce qu’on est obligé de s’entredéchirer à longueur de journée même en temps de fête ? Où sont passés notre sentiment d’appartenance ? Notre empathie ? Notre esprit de fraternité ? Divergence d’opinions, avouons que c’est une liberté qu’on s’offrirait bien. Une divergence d’opinion n’est pas toujours une mauvaise chose. Oui, cela peut gruger l’énergie et la détermination des gestionnaires, des entrepreneurs et des employés, miner leur moral et leur efficacité. Mais une divergence d’opinion peut aussi relancer la discussion, créer une saine rivalité, identifier les problèmes à résoudre et stimuler l’énergie créatrice des parties prenantes pour arriver à des solutions novatrices. La clé est de gérer le conflit plutôt que d’essayer de l’éviter.
Voici ce qui se passe quand vous essayez d’éviter un conflit. Le malaise subsiste en cachette. Il génère un sourd ressentiment et des rivalités malsaines. Des gens qui n’ont rien à voir avec le problème ont l’impression de devoir prendre parti au risque d’être ignorés quand des décisions importantes seront prises. Il est préférable de garder un œil sur les divergences qui peuvent dégénérer en conflit, voire les mettre à jour si elles menacent de se transformer en bourbier.
Il est inutile d’essayer d’éviter les divergences d’opinion. Chaque fois que deux personnes ou plus se rencontrent dans le but de réaliser quelque chose d’important, il y a inévitablement des désaccords sur les objectifs, sur ce qui est important et sur la meilleure façon d’atteindre le but. Conséquemment, les divergences peuvent se manifester à propos des valeurs (le pourquoi), des objectifs (le quoi) et des moyens (le comment). Autrement dit, les objectifs sont tangibles et peuvent être atteints. Tandis qu’il est toujours voué à l’échec d’essayer de changer la personnalité d’autrui. Quand les positions de départ sont connues, nous pouvons commencer à travailler sur la solution du problème. Dans beaucoup de cas, pour ne pas dire la majorité, je trouve que le terrain d’entente est supérieur à ce que les parties sont prêtes à admettre au départ. Je constate souvent que les gens disent presque la même chose mais en des termes différents, ou encore qu’ils accordent plus de poids à certains facteurs ou critères.
La chose importante à ne pas oublier dans tout cela, c’est que les gens s’accrochent à leurs opinions pour des raisons valables à leurs yeux. Il ne sert à rien de dénigrer les valeurs, les buts ou les approches des autres parce qu’ils vous semblent un peu moins rationnels que les vôtres. La solution consiste à se baser sur la valeur extrinsèque des énoncés et à rechercher un terrain d’entente. Il arrive parfois que les éléments résiduels de la mésentente soient insurmontables et que la meilleure solution soit une séparation temporaire ou permanente. En pratique, toutefois, les désaccords résiduels peuvent habituellement être mis de côté pendant un moment, alors qu’on travaille à régler le conflit principal ou à mettre en place des mécanismes pour contrebalancer les problèmes restants ou les minimiser par rapport à l’ensemble du projet.
MTS (Maitrise en travail social)
Poète/écrivaine