Par Rosie Bourget
Sécheresse en Californie, pénuries alimentaire dans le monde, guerres, catastrophes naturelles, actes de terrorisme…Nous venons de traverser des événements douloureux qui nous font entrer dans une époque pleine d’incertitudes. Nous ne devons pas pour autant oublier nos valeurs et nos traditions, que nous maintenons vivantes à travers des moments forts comme les fêtes de fin d’année. Les jours passent vite, les années courent à toute vitesse, l’âge avance à grand pas, rien ne dit que nous serons vivants demain. Se réunir, prodiguer une attention, offrir un cadeau, contribuent à nouer et renforcer les liens, suscitant des émotions et de la joie. Face à un monde souvent violent et inégalitaire, nous vous conseillons de passer les derniers jours de l’année en compagnie de vos proches et de ceux qui se soucient de vous.
Quelles valeurs pouvez-vous transmettre ?
On peut se questionner sur la meilleure façon de vivre ces fêtes tout en respectant nos valeurs personnelles. Le partage : en invitant vos enfants à contribuer à la fabrication de petits cadeaux pour les proches et amis. L’esprit de famille : en étant attentif à chacun, en montrant à vos enfants que malgré nos différences nous pouvons choisir d’être bien ensemble. La solidarité : en choisissant une action qui peut faire une différence (tournez vers les autres, invitez votre voisin seul, vos amis, apportez des jouets à une association d’aide aux familles les plus démunies).
Ce qu’un enfant reçoit à la maison lui restera jusqu’au tombeau
Peu importe vos réflexions sur les fêtes de fin d’année, elles sont d’une grande importance pour vos enfants qui se préparent, comme vous d’ailleurs, dès novembre à l’arrivée imminente de ces festivités. Des décorations de partout, les rappellent que quelque chose d’important se produira bientôt. Les enfants ont besoin de sentir qu’ils vivent pleinement les mêmes événements que leurs amis. Ils ont besoin de se sentir appréciés. Nous vous encourageons de participer avec eux à certains rituels qui entourent cette période de réjouissances. Quel que soit votre attitude face à ce que certains appellent la fête de la surconsommation, il est important pendant cette période de mettre l’accent sur les valeurs universelles que sont l’amour, le partage et l’empathie.
La recherche en psychologie a clairement démontré que l’on ressent beaucoup plus de plaisir à donner qu’à recevoir. Aussi, pour vous assurer que vos enfants vont développer cette capacité de penser aux autres, il faut les engager dans la production de cadeaux faits à la maison (des pâtisseries à donner en cadeaux) pour ceux qui leur sont chers. Bien sûr, il y a plusieurs façons de s’y prendre pour vivre une fin d’année agréable. Nous voulons simplement vous présenter quelques variantes que nous avons développées depuis quelques années.
Traditions et coutumes de chez nous au temps des fêtes
Comme partout ailleurs, en Haïti, durant la période de fin d’année, on constate la même ferveur, la même joie et le même esprit de solidarité dans tout le pays. Dès le début du mois de novembre, les sapins prennent possession des maisons et des rues. On assiste à la multiplication des marchandes dans les rues, sur les places publiques. Les artisans de fanal s’activent pour illuminer les rues de la capitale avec leurs maisonnettes en papier qui font le bonheur de plus d’un. A la tombée de la nuit, la ville se transforme en une vraie ville de lumière et d’esthétique. Les gens effectuent des déplacements en grand nombre à cette période. Les airs de noël envahissent les ondes des radios, occupant la première place à longueur de journée. Le 24 décembre en soirée, personne ne reste à la maison, les rues bondent des gens, particulièrement les jeunes et les adolescents. Dans différents quartiers, des fêtes sont organisées, soit en famille ou entre amis.
Depuis le 1er janvier 1804, jour de l’indépendance d’Haïti, manger de la soupe de giraumont (soup joumou) le premier jour de l’année est demeurée une tradition pour célébrer la fête de l’Indépendance. Toutes les familles haïtiennes en préparent et se la partagent, elle représente non seulement la liberté et la victoire contre l’oppression mais aussi le partage et l’union qui a été nécessaire à la conquête de cet indépendance acquise à un prix exorbitant. Le 2 janvier (Jour des Aïeux), que l’on habite en ville ou à la campagne, on prépare de la nourriture en grande quantité. C’est également le moment de rejoindre des proches pour partager des repas dans un esprit convivial. Contrairement aux années précédentes, la diaspora ne courra pas le risque de rentrer en Haïti pour les fêtes, vu l’impact des récents évènements politiques sur l’image du pays. Quant à l’insécurité qui prend de l’ampleur au fil des jours, organiser des événements suscite des interrogations.
Pour l’édification de nos compatriotes qui s’installent à l’autre bout du monde, il est toutefois à signaler qu’en Haïti, les fêtes de fin d’année ont changé depuis quelques temps. Elles n’apportent plus le bonheur attendu. Les sapins se font plus rares, les rues se vident des marchandes de guirlandes. Les quartiers ont perdu leurs couleurs et les villes, leurs chaleurs. Autrefois il était question qu’on envoie des cartes de vœux à ses amis et à sa famille. Aujourd’hui cela ne se fait plus, les vœux ont disparus. Si la tradition de la fête de Noël demeure encore vivante dans l’église, sur un plan purement social on ne prête plus d’attention à cette grande fête familiale. Cependant, tout n’est pas perdu, il nous reste un petit quelque chose. Le 1er janvier de chaque année, la soupe « joumou » étant un élément fort ancré dans la tradition du peuple haïtien, est préparée et consommée dans presque tous les foyers. Cette soupe offre aux familles haïtiennes un vrai moment de commémoration et une réelle occasion de montrer leur générosité et leur capacité à dépasser les questions d’appartenance sociale ainsi que les problèmes du quotidien autour d’un repas devenu hautement traditionnel.
Les fêtes de fin d’année sont une occasion de rappeler les valeurs de partage et de générosité, du bonheur simple d’être ensemble. Même dans les heures les plus sombres, nous devons être prêts à se rassembler, à se battre par tous les moyens, pour que nos valeurs et nos traditions perdurent. Sur ce, nous en profitons pour souhaiter à nos lecteurs, lectrices et à la terre entière de très joyeuses fêtes en famille, blottis les uns contre les autres. Au lieu de chercher votre père Noël en autrui, pourquoi ne pas être le père Noël dont a besoin l’autre ?
RB